Analyse

L'Uranium : Tendances du Marché T3 2025

October 6, 2025

Le troisième trimestre de 2025 marque un point d'inflexion critique pour le marché de l'uranium. Après des années de stagnation post-Fukushima, le secteur est entré dans un cycle structurellement déficitaire que les analystes qualifient désormais de 'renaissance nucléaire irréversible'. Avec la prolongation de la durée de vie des réacteurs nucléaires existants en Europe et aux États-Unis, couplée à la construction accélérée de nouvelles unités en Asie (notamment en Chine et en Inde), la demande pour le 'yellowcake' (U3O8) reste soutenue et dépasse désormais les prévisions les plus optimistes établies en 2023.

L'un des facteurs les plus pressants est l'épuisement des stocks utilitaires. Pendant la dernière décennie, les producteurs d'électricité ont pu s'appuyer sur des inventaires abondants et des prix spot bas pour différer leurs achats. Cette ère est révolue. Les 'utilities' américaines et européennes, soucieuses de leur sécurité énergétique dans un contexte géopolitique instable, reviennent massivement sur le marché des contrats à long terme. Cela a pour effet de verrouiller une grande partie de la production future, asséchant la liquidité du marché spot et stabilisant les prix à des niveaux planchers bien supérieurs aux moyennes historiques.

Du côté de l'offre, l'équation reste complexe et tendue. Le Kazakhstan, premier producteur mondial via Kazatomprom, fait face à des défis persistants liés à la chaîne d'approvisionnement en acide sulfurique, essentiel pour la méthode de récupération in situ (ISR). De plus, les grands projets miniers au Canada (Bassin de l'Athabasca) et en Afrique nécessitent des années de développement et de mise en conformité réglementaire avant de pouvoir livrer leurs premières livres. Le redémarrage de mines en carence (care and maintenance) ne suffit plus à combler l'écart grandissant entre l'offre et la demande.

Par ailleurs, l'émergence des petits réacteurs modulaires (SMR) change la donne à moyen terme. Bien que ces technologies ne représentent pas encore une part significative de la consommation actuelle, les précommandes de combustible pour ces unités, prévues pour la fin de la décennie, ajoutent une couche de pression supplémentaire. Les géants de la technologie, cherchant à alimenter leurs centres de données en énergie décarbonée 24/7, s'intéressent de près aux SMR, créant une nouvelle source de demande non traditionnelle.

Enfin, la financiarisation du marché via des véhicules comme le Sprott Physical Uranium Trust continue de retirer des livres physiques du marché, agissant comme un catalyseur de prix. En conclusion pour ce trimestre, le marché de l'uranium ne réagit plus simplement à la spéculation, mais à des fondamentaux industriels tangibles. Le déficit d'offre prévu pour la période 2026-2030 semble désormais inévitable sans une augmentation significative du prix incitatif pour permettre le développement de nouveaux gisements plus coûteux à exploiter.